LonNews n° 15
1 décembre 2022LonNews n°16
11 janvier 2024Avez-vous, comme nous, l’impression que la GTB fait deux pas en arrière ces derniers temps ?
En replongeant dans les archives de nos rendez-vous Top@Lon ou Agor@Lon du siècle dernier, nous sous sommes rendus compte que l’interopérabilité, si chèrement acquise par les clients demandeurs de concurrence, les installateurs, demandeurs de simplification de la mise en œuvre, les constructeurs qui s’étaient mis d’accord pour coopérer dans l’intérêt des clients, n’était plus la valeur à défendre. À tout le moins, que cette valeur a été galvaudée, réinterprétée et réappropriée par certains, paradoxalement « ininteropérables ».
Les points qui suivent reprennent les archives des membres ou des acteurs du monde de la GTB, disponibles in extenso sur cette page.
La relecture attentive des arguments développés en faveur du Lon en 2000 vous feront probablement sourire tant ils sont toujours d’actualité 20 ans plus tard.
Offre multi-services : vers l’interopérabilité
Tous les fabricants offrant des automatismes de régulation dans le bâtiment se devaient d’avoir une proposition LonWorks afin de répondre aux besoins des projets en solutions ouvertes et interopérables.
En 2000, lors d’une présentation Agor@Lon, ARD, l’un des membres du LonUsers France, propose une solution multi-services et met en évidence l’intérêt pour le LON : « Intérêts de LonWorks : réseau standard et interopérable, médias multiples, routeurs universels, installation aisée, très bonne connectivité, résistance élevée aux sources perturbantes. »
Interopérabilité par les profils fonctionnels
Avec le nouveau millénaire, les fabricants se regroupent par métier pour partager leur savoir-faire et construisent les briques de l’interopérabilité par la création de profils fonctionnels par métier, permettant d’affecter automatiquement les fonctions d’un automate que l’on branche sur une architecture.
Dans sa présentation lors de l’Agor@Lon de 2000, Legrand expose comme exemple les profils fonctionnels LonMark du contrôle d’éclairage qui recense alors Philips Lighting, Exel, ECS, Landis & Staefa, General Electric, Hubble, Legrand et Helvar.
Ces profils fonctionnels sont encore d’actualité aujourd’hui et enrichis par le LonMark International en fonction des évolutions du marché.
Normalisation du bus de terrain
La réalité des GTB en 1996 est plus que jamais d’actualité en 2022 comme le prouve la diapositive d’Yves Loosen : « Pour parvenir à une véritable approche bus de terrain, in est nécessaire […] que tous les fabricants opérant dans des secteurs concurrentiels acceptent que leurs produits se complètent ou se remplacent par ceux du concurrent dans une même opération ». La réponse à cette problématique étant le label LonMark.
En effet, l’interopérabilité permet la mise en concurrence des fabricants qui est dans l’intérêt direct du client puisqu’il peut choisir et/ou remplacer des produits d’un fabricant par un autre, sans avoir à tout remplacer.
De plus, le choix de produits complémentaires et en concurrence permet la mise en œuvre d’architecture qui permettront de réduire de manière optimale la consommation énergétique.
Une solution multi métiers, standardisée, interopérable et évolutive
Les diapositives suivantes datent également de l’année 2000 et montrent la demande claire de l’OCDE (Organisation de coopération et de Développement Économique) pour un projet de parc de plusieurs bâtiments sur 50 000m². On voit également que les résultats du retour d’expérience ont été concluant avec le LON, répondant point par point aux exigences formulées alors.
LON : le choix des intégrateurs et des clients
Les agor@Lon passés nous renseignent également sur les raisons qui ont poussé les clients finaux et intégrateurs à choisir le Lon en 2000.
Parmi les réponses, on peut citer Seitha spécialisé dans les solutions climatiques : « Pourquoi LonWorks ? L’ouverture à tous les niveaux : supervision, réseau, automates ; l’évolution imposée par les clients : pour ne pas être « pieds & poings » liés avec un constructeur ; les intérêts de nos clients sont identiques aux nôtres ».
Cet intégrateur complète son analyse avec d’autres avantages techniques : « simplicité de mise en œuvre par la suppression des passerelles, interopérabilité par la communication entre des produits de marques différentes, interchangeabilité, accroissement des performances par la réduction des coûts globaux liés à la concurrence et la simplicité de mis en œuvre d’une part, et l’enrichissement des fonctions issues de la communication inter-produits, d’autre part ».
Il conclut par ailleurs que l’intérêt de l’utilisation de la technologie LonWorks est triple : « ouverture, flexibilité, intérêts communs client / installateur »
Le client BioMérieux trouvait aussi plusieurs avantages à la mise en place du Lon dans son infrastructure industrielle dès l’Agror@Lon de 1999 : « Buts atteints : mise en place d’un réseau d’automates différents, possibilité de mise en concurrence sur les futures bâtiments, faisabilité d’une technique innovante ».
Conformité énergétique
Les journées Top@Lon en 2001 donnaient la parole à VD Tec qui mettait déjà en évidence les caractéristiques de la conformité de la gestion de l’énergie à ce qui deviendra la « Classe A » par une optimisation multi-métiers : « Le confort – Pilotage de l’éclairage : allumage, extinction, gradation en premier et second jour, asservissement dur ensoleillement et détection de présence ».
La flexibilité LON : deux points de vue
L’interopérabilité de LON offre une telle flexibilité que les constructeurs développent leur propre interprétation. Certains comme Philips et Somfy, vantent une solution commune ouverte, flexible et interopérable. D’autres comme Siemens, promeuvent quant à eux une solution globale tout en un avec une protection des investissements par le LON.
Lon remporte des bâtiments prestigieux
Le bureau d’études GLI, toujours membre du LonMark Francophone, a été l’un des plus grands promoteurs et un défenseur de la technologie sur de très grands projets, comme Cœur Défense dont il présente au Top@Lon du 19 juin 2001, les choix techniques et notamment celui du Lon : « Le projet Cœur Défense – Les choix […] : Bus Lon pour permettre « l’interopérabilité » entre les lots CVC (ventilo-convecteurs) et électricité Courants Forts (éclairage) ».
Migration vers le LON
En 2015, SPIE présente aux journées Agor@Lon, la migration d’un bâtiment de 42 000 m² pour la BPCE livré en 2003, d’une solution propriétaire vers une solution Lon en raison de la fin de production de la solution propriétaire depuis 2013 et l’amélioration du confort et de l’énergie.
Les produits du même constructeur sont tous conformes aux réglementations sur l’efficacité énergétique (Classe A). La rénovation est réalisée en milieu occupé en conservant les capteurs et actionneurs, ce qui constitue un gage pour la pérennité et l’investissement.
Conclusion : l’interopérabilité, retour vers le futur
Les deux dernières décennies ont vu le monde de la GTB avancer à petits pas, passant d’un monde propriétaire à un monde d’interopérabilité où il a fallu accepter à la fois la compétition et la coopération entre fabricants et prestataires.
Aujourd’hui, l’interopérabilité horizontale entre les produits de terrain n’est plus prise en compte, il en résulte que nous nous retrouvons de nouveau 20 ans en arrière, en mono-constructeur avec un logiciel spécifique par fabricant.
Il est triste d’admettre que les clients sont mal conseillés par certains bureaux d’études, ne percevant pas les risques de dépendance contre lesquels ils se sont battus il y a 20 ans et qu’ils ont obtenu grâce à l’interopérabilité.
Qui voudrait revenir dans un monde où les ordinateurs personnels seraient dotés d’un système d’exploitation qui lui serait spécifique, où pour changer d’adresse IP, il faudrait avoir l’autorisation de ce fabricant et où, pour installer une simple imprimante, le choix se limiterait au catalogue de ce même fabricant ?
C’est pourtant le monde dans lequel on nous entraîne.
Doit-on suivre les conseils des constructeurs ?
Il faut garder à l’esprit qu’il existe une alternative qui consiste à leur imposer nos exigences d’utilisateur écoresponsable en choisissant des solutions sobres en énergie et adaptées aux services actuels avec la garantie de pérennité des investissements antérieurs.